Après une 83e prorogation consécutive de l’état de siège par le Parlement congolais, le gouvernement vient d’être enjoint de le réévaluer afin de prendre une décision définitive concernant son maintien ou sa levée.
La question a, en effet, été abordée lors de la 17e réunion du Conseil des ministres, présidée vendredi dernier par Félix Tshisekedi, si l’on s’en tient au compte rendu lu par Kibassa Maliba, ministre des Postes et Télécommunications.
En plus de l’évaluation, sur demande du chef de l’État, le gouvernement devrait tabler sur la mise en œuvre complète des mesures d’assouplissement afin de permettre aux populations des provinces concernées de retourner à la vie normale.
« Le président de la République a invité la Première ministre à engager à nouveau le gouvernement dans l’évaluation et la mise en œuvre complète des mesures d’assouplissement édictées. Le président de la République a rappelé le chemin parcouru pour instaurer cet état de siège et son message à la nation, où il s’était prononcé sur l’avenir de l’état de siège en optant pour la mise en œuvre d’un dispositif transitoire graduel, au terme duquel ce régime exceptionnel devrait connaître sa fin », a expliqué le ministre Kibassa Maliba.
Depuis son instauration le 3 mai 2021, l’état de siège a déjà été évalué plusieurs fois. Une table ronde, à laquelle plusieurs couches sociales ont participé, a même été organisée à Kinshasa pour les mêmes fins, sans que l’état de siège ne soit vraiment levé.
Deux ans et quatre mois après son ordonnance du 3 mai 2021, Félix Tshisekedi avait permis des mesures relatives à l’allègement, après avoir, dit-il, analysé de manière approfondie les recommandations de plusieurs composantes du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cette mesure du chef de l’État, considérée comme exceptionnelle, avait été décrétée pour stopper les violences dans la partie orientale du pays.
Cependant, plus de trois ans et demi après, les groupes armés continuent de s’imposer dans plusieurs agglomérations. Par exemple, le M23 a refait surface au Nord-Kivu, les ADF sont devenus plus cruels et les CODECO ravagent davantage le territoire de Djugu (Ituri).
En ordonnant au gouvernement d’envisager une nouvelle évaluation de l’état de siège et une mise en œuvre complète des mesures d’allègement, Félix Tshisekedi sous-entend éventuellement le retour à l’ordre constitutionnel.
Déjà, les députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri, ainsi que des populations de ces entités, se sont hermétiquement montrés opposés à cet état de siège qu’ils estiment avoir déjà démontré ses limites.
Ils exigent que les civils reprennent le contrôle des entités et que l’armée et la police soient principalement affectées aux questions sécuritaires, plutôt qu’à l’administration des entités territoriales décentralisées.
Jean Ngaviro