L’ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC), Christian Ndongala Nkuku, a appelé mercredi 29 janvier la Belgique à agir « fermement et promptement » pour rétablir la paix dans l’est du pays. Devant la commission des Relations extérieures de la Chambre des représentants, le diplomate congolais a demandé aux autorités belges de faire peser leur poids au sein de l’Union européenne pour révoquer notamment les accords de coopération militaire et économique avec le régime de Kigali.
Les combats se poursuivent à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans la zone occupée par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise. Devant les députés, l’ambassadeur a dénoncé une « agression délibérée et méthodique contre un pays souverain » et décrit « une tragédie d’une gravité inouïe ». « Il est clair que cette crise est directement liée au pillage économique de notre pays, orchestré par le Rwanda », a-t-il ajouté. Face à cette « situation catastrophique », M. Ndongala Nkuku a invité la Belgique à mener des actions concrètes et à agir « de façon décisive et immédiate ».
Il a appelé les autorités belges à ordonner la fin des hostilités et à exiger « le retrait immédiat » des troupes rwandaises en RDC. À travers l’UE, le diplomate réclame également un embargo sur l’exportation de tous les minerais étiquetés comme rwandais, notamment le coton et l’or, « afin de mettre fin à l’exploitation illégale des ressources naturelles qui alimentent la guerre ». L’ambassadeur a par ailleurs demandé à la Belgique d’user de son influence au sein de l’UE pour révoquer les accords de coopération militaire et économique avec le Rwanda. Il a également proposé la mise en place d’un régime de notification systématique pour toute vente d’armes au Rwanda par la communauté internationale.
« Le monde vous regarde, il est temps d’agir », a précisé Ndongala Nkuku. « Malgré les alertes répétées du gouvernement congolais depuis trois ans, la communauté internationale est restée passive. Elle ne peut se contenter de déclarations de préoccupation ; elle a l’obligation de protéger la paix et la sécurité internationales, de défendre la vie humaine. »
Alors que les combats ont causé plus de 500 000 déplacés dans l’est de la République démocratique du Congo depuis début janvier, l’ambassadeur a également demandé à la Belgique de s’impliquer pour ouvrir des corridors humanitaires à court terme afin de venir en aide aux victimes. « C’est urgent », a-t-il souligné. « Le droit humanitaire international est violé, il faut absolument mettre fin aux combats et faire pression sur le Rwanda pour qu’il interrompe son soutien au M23. »
Christian Ndongala Nkuku a saisi cette occasion devant la commission pour condamner fermement et déplorer les manifestations violentes qui se sont déroulées mardi devant plusieurs ambassades à Kinshasa, dont celle de Belgique. Le dispositif de sécurité a été renforcé pour rétablir l’ordre dans les zones concernées, et le ministère congolais des Affaires étrangères entrera en contact avec les différentes ambassades pour évaluer les dégâts. « Il ne s’agit en aucun cas d’une attaque contre les Belges, les Français ou les Américains », a estimé l’ambassadeur. « Cela découle d’une frustration de la part de la population, mais aussi d’une perception d’inaction de la communauté internationale. »
Marie-Paul MBUTA à Bruxelles pour 24News Agency