Le mardi 14 janvier 2025, un événement marquant s’est tenu au camp des déplacés internes de Djaiba à Fataki, dans la province de l’Ituri. Soixante-cinq femmes et jeunes filles, toutes déplacées, ont été réunies par les casques bleus népalais et la Section des affaires civiles de la Monusco. Cette initiative avait pour but de sensibiliser les participantes aux mécanismes de prévention et de réponse face à l’exploitation et aux abus sexuels, s’inscrivant dans un effort plus large pour renforcer la protection des civils dans une région durement touchée par les conflits.

Fataki est une région où les effets des conflits armés, de la violence et de l’insécurité sont particulièrement dévastateurs. Les violations des droits humains y sont fréquentes, aggravant une situation humanitaire déjà critique. Les femmes et les filles sont souvent les premières victimes de cette violence, devenant des cibles privilégiées des abus sexuels. Les groupes armés locaux, ainsi que certains agents des services de sécurité et des résidents des camps, sont souvent impliqués dans ces actes répréhensibles.

Une jeune fille déplacée de 17 ans témoigne : « Nous sommes victimes de ces abus, non seulement dans nos champs, mais aussi dans les recoins sombres et cachés du camp. Lorsque la nuit tombe, il devient dangereux de marcher. Nous sommes souvent contraintes par des miliciens, des bandits armés, des jeunes garçons et même des hommes en uniforme. »

Face à cette situation, l’équipe mixte de la MONUSCO a fourni aux participantes des outils de protection cruciaux. Les alertes précoces, par exemple, permettent une réponse rapide aux incidents d’abus. Un numéro vert accessible gratuitement a été mis en place, permettant aux femmes déplacées de signaler des situations d’urgence en temps réel à la MONUSCO ou aux services de sécurité.

Cependant, les préoccupations des participantes demeurent. De nombreux témoignages évoquent un sentiment d’impunité, de corruption et de négligence au sein de la police locale. Les forces de l’ordre sont souvent accusées de favoriser l’évasion des auteurs de violences, laissant ainsi les victimes sans recours.

Le chef de la police locale a reconnu, bien que de manière implicite, les allégations de la population en mentionnant un « sérieux problème de transfert des présumés auteurs de violences sexuelles », attribué à un manque de mobilité.

En effet, la Police Nationale Congolaise (PNC) souffre d’un manque de véhicules adéquats pour mener à bien ces transferts. De plus, le commandant de la police de Fataki a déploré que de nombreux cas de violences sexuelles soient souvent « réglés » à l’amiable, avec des compensations financières offertes par les agresseurs pour dissimuler les preuves.

L’initiative de la Monusco à Fataki représente une étape importante dans la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels des femmes déplacées. Toutefois, pour qu’une véritable protection soit assurée, il est essentiel d’aborder les questions d’impunité et de responsabilité au sein des forces de sécurité. La voix des femmes et des jeunes filles déplacées doit être entendue et respectée, car elles sont au cœur de cette lutte pour la dignité et la sécurité.

Gires Kasongo

×

Hello!

Click one of our contacts below to chat on WhatsApp

× Contactez-nous