Jean-Paul Mazanga Mutombo, conducteur de moto depuis 19 ans, se tient dans sa station, casque sur la tête et gants aux mains. Sandales aux pieds, il évoque les raisons qui l’ont poussé à embrasser ce métier.
« Je suis licencié en Droit. À la fin de mes études, j’étais célibataire et j’avais besoin de subvenir aux besoins de ma famille, mais aussi aux miens. Au Congo, travailler dans une entreprise est souvent synonyme d’esclavagisme. J’ai choisi la moto comme un travail libre. Je me suis marié et j’ai trois enfants, en plus de plusieurs biens que j’ai pu acquérir. »
Être motard à Lubumbashi, c’est un reflet de la réalité complexe de la ville. En effet, cette profession offre une certaine liberté, mais elle n’est pas sans défis.
« J’ai été kidnappé plus de deux fois, perdu au moins quatre motos, et mon argent a été extorqué par des personnes que je croyais être des clients sérieux. Je suis également survivant de plusieurs accidents routiers, » témoigne Jean-Paul.
La moto joue un rôle de premier plan pour le déplacement des Lushois.
Godelive Masengu, une habitante, partage son expérience quotidienne.
Les motards sont essentiels pour nos déplacements quotidiens. Sans eux, la ville serait paralysée. »
Lubumbashi abrite également de nombreuses maisons de vente de motos. Jean-Bosco Mwamba, vendeur, explique la dynamique du marché.
« Nous vendons des motos selon leurs marques. Les prix des modèles Bajaj varient de 1500 à 1800 dollars. C’est cette marque qui est la plus prisée pour le transport. »
Cependant, avec la crise économique que traverse le pays, de nombreux motards espèrent acquérir des motos d’occasion. Serge Kasongo, mécanicien, trouvé dans son garage vêtu de la bash jaunâtre, témoigne de la demande croissante.
« Chaque semaine, je reçois au moins deux ou trois demandes de vente et d’achat de motos d’occasion. Parfois, si une moto a une panne grave, je l’achète, la répare et la revends. Voilà mon métier. »
Alors que chaque 21 juin, le monde célèbre la journée dédiée à l’importance de la moto, la mairie de Lubumbashi a récemment pris des mesures radicales en interdisant toute circulation de motos dans le centre-ville pour lutter contre les embouteillages. Une décision qui reste er encore légèrement négligée par certains motards.
Lubumbashi, Loss-Adonis Ngoyi
