Dans une déclaration devenue tristement célèbre, un ancien ministre des Finances de la République Démocratique du Congo a affirmé:« Nous aimons trop la jouissance dans ce pays, on commence par se partager l’argent des projets. Puis on réfléchit après.»

Des voix s’élèvent dans les salons politiques et au sein de la société civile pour exiger la saisine de la justice et l’ouverture, au moins, d’un registre d’information et l’interpellation immédiate de l’ancien argentier national.

Selon un Juriste contacté par notre rédaction, Me Benjamin Bajikijaie, un cadre de l’UDPS, estime qu’au-delà du ton familier, la phrase prononcée par Nicolas Kazadi constitue un «aveu public grave, révélateur d’une culture de détournement des deniers publics profondément enracinée dans la gestion des biens de l’Etat»

Pour cet avocat, la phrase mérite « une analyse rigoureuse tant du point de vue juridique qu’en matière de gouvernance publique. » Car, «Un aveu de concussion, de mauvaise gouvernance et de mépris de l’État de droit méritent nécessairement la saisine de la justice», explique-t-il

Le fait pour Nicolas Kazadi de reconnaître que l’argent des projets est partagé avant même toute réflexion traduit « une violation manifeste de l’ordre juridique et financier ». Cette déclaration, ajoute Me Bajikijaie, est un défi au système judiciaire et un discrédit implacable jeté sur l’UDPS. »

En droit congolais, de tels actes sont punissables et constituent des atteintes graves à la probité et à l’intérêt général.

Politiquement, «ce type de comportement mine la confiance publique et discrédite le combat politique de l’UDPS de 37 ans. Alors que notre parti avait promis de lutter contre les anti-valeurs. Nicolas Kazadi témoigne que le gouvernement de l’UDPS désorganise la gestion des ressources et empêche tout développement durable de la RDC », précise-t-il.

Qui plus est, Nicolas Kazadi « dénonce la création d’une cinquantaine de services publics non budgétisés alors que lui-même, en tant que premier argentier de l’État, était porteur de plusieurs projets d’au-moins un demi-milliard non budgétisés; notamment le Centre financier et Kinshasa-Arena) qui sont inachevés à ce jour! Qu’il arrête de prendre le peuple congolais pour les complices de ses turpitudes. »

Une défaillance systémique de la gouvernance et des contrôles l’inversion des étapes normales de gestion où la jouissance précède la planification révèle selon Benjamin Bajikijaie «l’absence de contrôles internes effectifs, le contournement des procédures budgétaires et des règles de passation de marchés, et une culture de l’impunité qui affaiblit l’autorité de l’État», a-t-il fait savoir ce mardi à notre média.

Les projets de développement deviennent alors des opportunités d’enrichissement personnel plutôt que des instruments de transformation sociale, ceci constitue, «une image ternie d’un gouvernement, d’un pays et d’un peuple.»

Par ailleurs, Me Benjamin Bajikijaie se pose la question de savoir si le Procureur Général près de la Cour de Cassation, qui avait classé sans suite concernant Nicolas Kazadi l’instruction du dossier des forages et des lampadaires, se saisira avec ces nouveaux aveux. Son silence confirmera l’état comateux de la justice congolaise. »

« Il y a ici une flagrance qui ne nécessite même pas la levée de l’immunité parlementaire du témoin. » Les aveux de Nicolas Kazadi sont selon lui, «la photographie d’un système défaillant. Mais, ils doivent aussi être le point de départ d’une prise de conscience nationale.»

Faustin Kalenga

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