Jean-Lucien Busa, ministre du Portefeuille, qui, plus tôt, a suspendu José Lueya, directeur général de Congo Airways, la compagnie nationale, et Marie Ponsthi Lobo, son adjoint, notamment pour mauvaise gestion financière, a annoncé l’arrivée, entre le 6 et le 7 novembre prochain, d’un nouvel avion loué en France.

Cette annonce ravive l’espoir dans le pays alors que plus personne n’y croyait, surtout avec l’imminente annonce du premier survol des avions de la nouvelle compagnie Air Congo que le gouvernement compte mettre en place.

Saura-t-on ressusciter l’aviation nationale après de nombreux mois d’attente ? Jusqu’ici, rien n’est encore trop sûr : « Si c’est conclu, nous aurons en novembre deux avions », a déclaré Jean-Lucien Busa.

Cette déclaration, toujours au conditionnel, laisse planer de nouveaux doutes. Comme si le ministre congolais insinuait qu’en cas de force majeure, les deux aéronefs annoncés n’atterriraient pas comme prévu.

Des signes avant-coureurs

Depuis de nombreux mois maintenant, le Léopard volant n’est plus dans les airs. Tous les avions de la compagnie aérienne nationale sont cloués au sol et Congo Airways est sur le point de perdre sa licence. Pour tenter de sauver la face, Kinshasa annonce la mise en place d’Air Congo, une nouvelle compagnie.

Mais comment en est-on arrivé là ? En effet, tous les signaux présageaient la descente aux enfers de Congo Airways, suite aux décisions que des analystes ont considérées comme précipitées et peu mûries de l’État congolais.

En 2021, les autorités ont annoncé de manière unilatérale que le prix des billets d’avion avait baissé de façon vertigineuse. Une décision que des observateurs avaient vite qualifiée de populiste, car ne reposant sur aucune base solide. À cette époque, l’opposant Seth Kikuni, aujourd’hui en détention, avait partagé ses vives inquiétudes sur le danger que courait Congo Airways.

« On baisse les prix des billets d’avion sans contrepartie. On dit que les compagnies ont baissé les prix pour que l’État puisse couvrir ce manque. Déjà, on sait que l’État ne paie pas ses dettes, beaucoup d’opérateurs se plaignent. Le deuxième problème, c’est qu’on dit que cela va redynamiser l’économie. Mais comment ? Parce que si tu veux réellement redynamiser l’économie, tu dois construire des routes, rendre le fleuve navigable ou développer la voie ferroviaire. Troisièmement, il faut comprendre comment se fait la concurrence si on inonde le marché. Déjà, l’État lui-même n’a pas d’avions. Il impose des contraintes aux privés de sorte que si l’État ne paie pas ses dettes, aujourd’hui, nous voyageons à 100$, mais demain, nous n’aurons plus aucun avion dans les airs », avait-il prévenu.

Deux ans seulement après, soit en 2023, Congo Airways, la seule aviation nationale, était déjà clouée au sol. Depuis, la Compagnie africaine d’aviation (CAA), qui détient le monopole des trafics aériens dans le pays, ne parvient pas à répondre efficacement à la forte demande, en raison de sa flotte insuffisante et de la multiplication des rotations.

Tous les regards sont donc tournés de nouveau vers Kinshasa, qui promet de ramener dans les airs le Léopard volant pour résoudre la carence en avions, devenue très criante dans le pays.

Jean Ngaviro

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