La déclaration du président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Monseigneur Fulgence Muteba, concernant le financement du Pacte social pour le bien vivre ensemble dans la région des Grands Lacs par plusieurs pays, notamment le Rwanda, pays agresseur de la RDC, continue de susciter de vives réactions.
Bien que le représentant légal de l’Église du Christ au Congo (ECC), Eric Senga, ait tenté, dans une interview, de minimiser cette déclaration, ses arguments ne tiennent pas. En effet, le président de la CENCO a clairement affirmé que le duo CENCO-ECC avait reçu un financement de certains pays africains, dont le Rwanda.
Réagissant à cette question, le président de l’Église de réveil au Congo (ERC), Ejiba Mampia, exprime son étonnement face à l’acceptation par le duo CENCO-ECC d’être financé par un Rwanda qui occupe des terres congolaises et massacre des Congolais. Il déclare :
« Dans notre initiative, nous disons clairement que le premier partenaire doit être l’État congolais, car la Constitution du pays stipule que l’État doit contribuer à toute initiative visant à promouvoir la cohésion nationale. Mais, contrairement à cela, eux trouvent des partenaires et affirment qu’ils ne comptent pas sur le gouvernement congolais. Cependant, ils soutiennent que d’autres pays, y compris le Rwanda, les ont soutenus financièrement, ont pris en charge leurs titres de voyage, et ont même assuré leur logement. Mais Monsieur, vous allez être d’accord avec moi, le Rwanda, qui occupe une partie de nos territoires, ne paie pas pour vous sans contrepartie. Il le fait pour ses propres intérêts ».
« Les autres pays peuvent agir par compassion africaine, en disant ‘aidons ces gens’, ce qui n’est pas un problème. Mais accepter un financement du Rwanda, qui occupe nos territoires et finance vos déplacements, pose question. Je comprends que, par le passé, Monsieur Nangaa s’est rendu directement dans une paroisse catholique pour célébrer la messe, un privilège qui n’était pas accordé aux autres. Cela montre que nous avons peut-être deux agendas différents », a ajouté Ejiba Mampia, président de l’Église de réveil en RDC.
- Comment le Rwanda, qui a un différend avec la RDC, peut-il en même temps accorder son financement à la CENCO-ECC, qui mène une mission de réconciliation ? Peut-il financer une initiative d’un côté du conflit qu’il alimente ?
- Cette position de la CENCO-ECC ne la place-t-elle pas en situation de juge et partie ?
- Le financement de la CENCO-ECC par le Rwanda ne discrédite-t-il pas sa médiation ?
Autant de questions auxquelles seule l’issue de ces négociations pourra répondre.
Zéphyrin Pengume
