Depuis le 17 mai, un communiqué attribué au gouvernement provincial de Kinshasa circule, annonçant une série de mesures destinées à mettre fin aux embouteillages monstres qui paralysent la ville-province de Kinshasa.

Selon ce communiqué, les véhicules dont le dernier chiffre de la plaque d’immatriculation est pair circuleront désormais les jours pairs, tandis que ceux ayant un chiffre impair rouleront les jours impairs. Ces dispositions n’ont pas laissé la population indifférente, et les réactions ne se sont pas fait attendre.

« Les mesures prises par l’autorité urbaine ne sont pas là pour aider la population. Comment voulez-vous qu’une personne habituée à déposer ses enfants à l’école chaque matin se voit interdire l’usage de son véhicule pendant trois jours sur six ? Cette mesure ne risque-t-elle pas de pousser plusieurs propriétaires à abandonner leurs voitures et à se tourner vers l’achat de motos, ce qui pourrait aggraver les embouteillages ? », a réagi un sexagénaire.

Un autre habitant de la capitale a, quant à lui, proposé une solution structurelle à travers la décentralisation des services publics vers le district de Tshangu, le plus peuplé de Kinshasa :

« La solution aux embouteillages passe par la décentralisation des institutions publiques et universitaires. Il est illusoire de penser qu’on pourra éviter les bouchons tant que tout est concentré dans le centre-ville », a déclaré un Kinois sous couvert d’anonymat.

Et d’ajouter :
« Comment comprendre que l’administration publique emploie plus de 60 % de ses agents venant du district de Tshangu ? Pourquoi ne pas créer des représentations de ces services dans les quartiers les plus peuplés ? Il en va de même pour les institutions universitaires. Il est inconcevable que plus de la moitié des étudiants de l’ISC viennent de Tshangu. Il serait judicieux de créer une succursale de cette institution à Masina ou Ndjili, avec les mêmes conditions académiques. Cela réduirait l’afflux vers le centre-ville et, par ricochet, les embouteillages ».

Pour Patrick, un chauffeur de taxi, la solution passe d’abord par un diagnostic approfondi impliquant toutes les parties prenantes :

« Il faut comprendre les vraies causes des embouteillages. Cela nécessite l’implication des experts du ministère des Transports, du gouvernorat de Kinshasa, mais aussi des usagers de la route, notamment les chauffeurs. C’est ensemble qu’on pourra identifier les causes et proposer les bonnes solutions ».

Il convient de signaler qu’en ce moment, circuler à Kinshasa relève de l’exploit. De nombreuses routes sont impraticables, la circulation se fait parfois à sens unique selon les heures de l’est vers l’ouest le matin, et dans le sens inverse le soir. À cela s’ajoutent l’incivisme routier et l’absence de courtoisie entre usagers.

Zéphyrin Pengume