La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des êtres humains a clôturé, le vendredi 25 juillet, une mission officielle de dix jours en République Démocratique du Congo (RDC), axée sur la lutte contre la traite des êtres humains, notamment celle visant les femmes.
Face à la presse, Siobhán Mullally a présenté les grandes lignes de sa mission, à travers un rapport élaboré à l’issue de sa visite dans les provinces de Kinshasa et du Haut-Katanga, notamment dans la commune de Limete, ainsi que dans les villes de Lubumbashi et de Kipushi.
« Je tiens à remercier le gouvernement congolais d’avoir facilité cette visite officielle et d’avoir coopéré tout au long de celle-ci. Cela m’a permis d’organiser des réunions avec plusieurs branches de l’État, notamment avec le ministre des Droits humains », a-t-elle déclaré.
Cependant, la Rapporteuse spéciale a déploré l’interdiction d’accès dans les zones contrôlées par les autorités de l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23).
« Je regrette profondément la décision prise sans préavis par l’autorité de facto au Nord-Kivu le groupe armé Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (M23) — de révoquer mon autorisation d’entrée dans cette province le samedi 19 juillet, empêchant ainsi le bon déroulement de ma visite officielle », a-t-elle dénoncé.
Siobhán Mullally s’est dite « vivement préoccupée » par l’ampleur de la traite des personnes liée aux conflits, qu’elle qualifie de généralisée et systématique. Elle a souligné que :
« La traite des êtres humains est utilisée comme une stratégie par les groupes armés pour contrôler, terroriser et déplacer les communautés, renforcer leurs capacités militaires, poursuivre le conflit et étendre leur emprise territoriale ».
Elle a également précisé que cette traite, à des fins d’exploitation, constitue une forme de violence sexuelle en temps de conflit, comme reconnu par le Conseil de sécurité dans ses résolutions 2331 et 2388.
Dans la foulée, la Rapporteuse spéciale a révélé avoir reçu, de sources fiables, des informations sur des cas d’exploitation sexuelle, d’esclavage sexuel et de mariages forcés commis par des groupes armés dans les zones contrôlées par la coalition AFC-M23.
Elle a enfin exhorté le gouvernement congolais à rétablir l’autorité de l’État dans les zones minières, où la traite des êtres humains semble être banalisée et enracinée.
Faustin Kalenga
