Reçus par le chef de l’État le lundi 3 février en soirée, les évêques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont déclaré devant la presse avoir soumis à Félix Tshisekedi « des propositions de sortie de crise sans bain de sang ».
Bien avant cette rencontre, les prélats catholiques avaient anticipé cette crise en publiant un document intitulé Pacte social pour le bien-vivre ensemble dans les Grands Lacs. L’invasion rwandaise à Goma par les rebelles du M23 semble donner raison aux évêques, qui apparaissent comme les seuls à avoir pressenti cette situation.
Selon l’abbé Donatien N’shole, secrétaire général de la CENCO, les discussions avec le chef de l’État visent à organiser un dialogue national impliquant toutes les parties prenantes, y compris ceux qui menacent la paix dans la sous-région. Cette déclaration soulève des interrogations, notamment sur la présence de Corneille Naanga à Goma, accusé par l’ONU d’être responsable de près de 3 000 morts, ainsi que sur les rôles présumés de Paul Kagame et Yoweri Museveni.
Beaucoup craignent que cette initiative de la CENCO envoie un mauvais signal : pour accéder au pouvoir à Kinshasa, faut-il désormais recourir aux armes ? Pourquoi les évêques catholiques semblent-ils encourager cette voie ? D’où tirent-ils l’assurance de pouvoir convaincre tous les protagonistes et prétendre résoudre la crise sans bain de sang ?
Plusieurs hypothèses émergent :
1. L’origine des fonds dont dispose la CENCO pour organiser ce dialogue qui pourrait nécessiter des déplacements hors de Kinshasa.
2. L’influence des multinationales soutenant le Rwanda et Corneille Naanga, opposés à Félix Tshisekedi et à son projet de révision constitutionnelle.
La CENCO semble accentuer la pression sur Félix Tshisekedi pour engager un dialogue avec le M23, ce qui fragiliserait le régime de Kinshasa et ouvrirait la voie à une période sombre pour le pays. Ce que Tshisekedi a refusé de faire avec Kagame et Naanga, vendre le pays, la CENCO semble vouloir le réaliser sous couvert d’une sortie de crise pacifique.
En novembre 2024, alors que le pays était encore en pourparlers à Luanda avant le dernier boycott, la CENCO avait déjà affirmé : « La voie diplomatique et l’option militaire ont montré leurs limites, nous allons mettre en place un pacte social pour le bien-vivre ensemble. »
La paix durable en RDC ne viendra pas des négociations, mais de l’affirmation de l’État congolais comme une nation souveraine. Malgré les faiblesses actuelles de l’armée, des accords militaires avec des puissances non occidentales pourraient sauver le pays du chaos déjà préparé par les puissances occidentales qui tentent d’utiliser toutes les voies pour étouffer le projet salvateur de Tshisekedi visant à changer la Constitution au bénéfice des congolais et élaguer des zones d’ombres qui s’y trouvent.
Accepter cette démarche de la CENCO, c’est mettre définitivement une croix sur la démocratie et envoyer un message fort à la face du monde que la RDC est un « non-état ». Le pays de Lumumba risque de sombrer davantage pendant plusieurs autres années, si le dialogue initié par les évêques catholiques est pris en considération. Dialoguer à Kagame c’est mal le connaître. Il ne comprendra que le langage de force.
Félix tshisekedi doit puiser dans l’énergie du désespoir pour s’affirmer et redonner l’espoir au peuple Congolais dont la dignité et l’honneur sont quasiment aux abois après plusieurs dizaines des millions morts provoqués par cette tragédie qui n’a fait que trop durer.
Faustin Kalenga