Bantunani, artiste musicien, auteur compositeur congolais qui fait une musique ménageant divers styles. En 15 annees dans cette Industrie, il est l’auteur de 15 albums. Évoluant beaucoup plus en Europe, il a accepté de répondre à nos questions da’s une interview exclusive
Jacques Amboka : Pour ceux qui ne connaissent pas Bantunani, comment pouvez-vous vous présenter ?
Bantunani : Bantunani, c’est avant tout une signature sonore unique : un mélange d’Afrofunk, de soul, de groove et d’influences électro. Je suis un artiste indépendant, un explorateur des sons et des cultures. Mon but est de créer une musique libre, dansante sur des textes conscients , qui transcende les frontières et les étiquettes.
J.A : Depuis combien de temps êtes-vous dans cette industrie ? Et quel genre de musique faites-vous ?
B : Cela fait plus de 15 ans que je suis dans la musique. J’ai toujours refusé d’être enfermé dans un style précis. Mon univers, c’est l’Afrofunk : un cocktail explosif de rythmes congolais, de funk, de jazz et de sons urbains. J’aime mélanger les influences, les l’agues les époques pour créer une musique vivante, où la basse groove, où la voix raconte une histoire et où chaque titre est une invitation à la danse et à la réflexion.
JA : Combien d’albums avez-vous à votre actif ? Pouvez-vous nous parler de quelques titres ?
B : J’ai déjà sorti une quinzaine d’albums, chacun avec sa propre identité. Mais mon dernier projet, *Iconic*, marque un vrai tournant.
Telema signifie « lève-toi » en lingala. C’est un appel à la résilience, à la prise de conscience et à l’action. À travers ce morceau, je veux transmettre un message de force et d’émancipation, que ce soit pour l’Afrique ou pour toutes les voix qui refusent de se taire. Musicalement, Telema est un pur concentré d’Afrofunk, avec des basses groovy, des rythmes envoûtants et une mélodie qui appelle à la danse et à la révolte. Il s’inscrit dans un album très studio porté sur l’émotion plutôt que sur une interprétation live comme l’étaient les précédents albums. C’est un album de son époque qui parlera de l’industrie musicale et de l’artiste.
J.A : L’industrie musicale congolaise est très fournie, offrant une compétitivité intense. Dans ce contexte, que faire pour ne pas passer inaperçu ?
B : Il faut être audacieux et fidèle à son identité musicale. Dans un paysage dominé par la rumba, j’ai choisi un autre chemin : celui de l’Afrofunk, en chantant principalement en anglais. Cela fait de moi un OVNI sur la scène congolaise, mais c’est aussi ce qui me permet de me démarquer. Aujourd’hui, la musique ne connaît plus de frontières. Il faut innover, proposer autre chose et ne pas avoir peur d’être différent. Je fuis la ghettoisation et le narcissisme qui guette la musique congolaise. La musique de Bolingo n’apporte aucun message au peuple,entraîne une distraction qui tue la jeunesse congolaise et africaine.
JA : Au fil des ans, la musique congolaise a toujours été un peu polarisée : un duel Luambo-Tabu Ley, Papa Wemba-Emeneya, Koffi-JB, Fally-Ferré. Cette réalité ne met-elle pas en difficulté d’autres talents ? Quelle est votre lecture ?
B : C’est une dynamique propre à la scène congolaise : les grands duels ont toujours existé et ont parfois stimulé la créativité. Mais le risque, c’est que cela enferme la musique congolaise dans une logique de clans, où l’on oublie de s’ouvrir à de nouvelles sonorités. Il y a énormément de talents en RDC qui mériteraient plus de visibilité. La vraie question, c’est comment faire évoluer notre musique pour qu’elle rayonne à l’échelle mondiale, au-delà des rivalités locales. Ces rivalités n’ont pas permis de créer pour autant une industrie musicale congolaise avec des studios et des organismes de collecte et protection des droits des artistes contrairement à la scène Nigerienne. J’assume ma différence.
JA : Avez-vous déjà joué dans certaines salles européennes ? Si oui, lesquelles ?
B : Oui, j’ai eu la chance de jouer sur plusieurs scènes européennes, notamment au New Morning et à La Bellevilloise à Paris, ainsi qu’au Brussels African Music Festival. Ces concerts sont toujours des moments forts, car ils permettent de partager l’énergie de l’Afrofunk avec un public varié et passionné,de transmettre mes racines congolaises où l’invitation à la danse transcende les frontières être individus.
JA : À quand le prochain album et de quoi sera-t-il constitué ?
B : Iconic qui sort le 20 mars est un tournant majeur dans mon parcours musical. Cet album incarne l’évolution naturelle de mon Afrofunk, une fusion toujours plus assumée entre mes racines congolaises et des influences funk, soul et électro. J’y ai mis toute mon énergie pour proposer une musique libre, engagée et intemporelle, surtout une musique de son époque. Je m’ouvre à l’afrobeats et à l’amapiano mais surtout, c’est une interpolation des musiques des années 80 telles que le synté pop, new wave, glam rock. Iconic, c’est une déclaration d’indépendance musicale, un album qui dépasse les étiquettes et affirme mon identité artistique.
JA : Votre mot de la fin ?
B : La musique doit rester une force qui unit et qui éveille. Avec *Iconic* et *Telema*, j’invite chacun à se lever, à danser, à réfléchir et à ne jamais se conformer. Il est temps d’écrire une nouvelle page pour la musique africaine, une page où l’audace et l’innovation ont toute leur place. Le Congo a plus que jamais besoin des voix qui portent.