Le Docteur et prix Nobel de la paix Denis Mukwege s’est exprimé sur le dialogue entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, tel que proposé par le président angolais João Lourenço.
Le médecin, directeur de l’hôpital de Panzi, estime que le dialogue direct entre le gouvernement et le M23 est une mauvaise appréciation de la situation et une méconnaissance des causes réelles du conflit dans l’Est de la RDC.
« Chers compatriotes, le conflit en RDC est caractérisé par sa forte dimension internationale, avec l’intervention directe du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi, ainsi que l’implication des pays de la SADC et de l’EAC. En outre, les grandes puissances économiques mondiales, notamment des acteurs du secteur privé, ont des intérêts stratégiques liés aux minerais critiques du sous-sol congolais, notamment dans le cadre de la transition numérique et énergétique, mais aussi pour les industries de la défense et de l’aérospatiale. Ainsi, les efforts déployés pour parvenir à une paix durable dans cette crise multidimensionnelle devront également avoir une forte dimension internationale. Toute tentative de réduire le conflit en cours en RDC à un simple dialogue direct entre le gouvernement congolais et le M23 constituerait une erreur de diagnostic majeure », a déclaré ce lundi 17 février le prix Nobel de la paix, le Docteur Denis Mukwege.
Pour lui, tout dialogue mené sans une conférence internationale pour la paix en RDC, dont la mission serait de restaurer la confiance au niveau national, régional et international, relèverait soit d’une méconnaissance des causes du conflit, soit d’une trahison de la patrie.
Denis Mukwege plaide ainsi pour la tenue d’une conférence internationale pour la paix en RDC, plutôt qu’un simple dialogue entre le gouvernement et le M23.
Notons que cette déclaration du prix Nobel de la paix 2018 intervient à moins de 24 heures du lancement du dialogue entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, prévu ce mardi 18 février à Luanda, en Angola. Après plusieurs spéculations, le gouvernement congolais avait confirmé sa participation via un tweet de la porte-parole de la présidence, Tina Salama.
Zéphyrin Pengume
