Une véritable scène de jungle se déroule en plein cœur de la capitale congolaise, au vu et au su de tous, sans qu’aucune voix officielle ne s’élève pour dénoncer ce que les victimes qualifient de barbarie.
À quelques jours seulement de la rentrée scolaire, plusieurs familles ont été expulsées par l’Office national des transports (ONATRA) le long des rails reliant la Gare centrale à l’aéroport international de N’djili. Un coup dur pour les parents qui, pour la plupart, avaient déjà inscrit leurs enfants dans des écoles… elles aussi démolies.
« Nous ne savons pas quoi faire à quelques jours de la rentrée. Nous avions déjà inscrit nos enfants pour le lundi 1er septembre et payé les frais scolaires. Mais nous avons vu nos écoles être détruites, tout comme nos maisons. Nous sommes doublement frappés sous le regard silencieux et complice des autorités censées nous protéger. Où sont nos députés pour plaider notre cause ? », s’interroge un parent victime.
La question qui taraude l’opinion est claire : pourquoi l’État, qui prône la gratuité de l’enseignement, n’a-t-il pas attendu la période des vacances pour procéder à ces démolitions ?
Les victimes dénoncent une opération menée par l’Hôtel de ville de Kinshasa et l’ONATRA sans aucune considération humaine, sans indemnisation et sans préavis :
« On nous a expulsés comme si nous étions dans la jungle, où le lion n’a pitié de personne. Pourquoi ne pas donner un préavis, par respect, pour nous permettre de trouver une solution pour nos enfants ? Nous passons désormais la nuit à la belle étoile avec nos femmes, nos enfants, même des bébés, exposés aux intempéries et aux maladies. L’État, censé protéger sa population, a laissé faire », déplore une autre victime.
La confusion grandit d’autant plus que Metrokin avait tenu un discours différent : indemniser avant toute démolition. Mais c’est l’ONATRA qui est passée à l’acte, en démolissant sans compensation.
« Il n’y a pas un mois, des agents de Metrokin nous avaient rassurés : l’indemnisation interviendrait avant toute démolition, prévue en janvier 2026. Mais à notre grande surprise, des agents de l’ONATRA sont venus le vendredi 22 août nous annoncer qu’ils allaient tout raser le lendemain, samedi 23, sans préavis ni indemnisation. C’est la loi du plus fort ! Selon certaines sources, l’ONATRA aurait même perçu de l’argent de Metrokin censé servir aux indemnisations », a confié, sous anonymat, une autre victime.
Les familles, désormais sans abri et désespérées, lancent un cri d’alarme aux autorités nationales afin que justice soit faite et que des solutions urgentes soient trouvées, surtout à la veille de la rentrée scolaire.
Zéphyrin PENGUME
