Le lundi 2 décembre dernier, à Isiro, dans le Haut-Uélé, Félix Tshisekedi a communié avec l’Église catholique, qui célébrait le 60e anniversaire du martyre de la sœur Anuraite Nengapeta.
Dans son allocution, le président de la République a interpellé l’Église catholique sur le rôle qu’elle a à jouer au sein de la société congolaise.
« L’Église est invitée à jouer sa partition ; elle doit être réellement au milieu du village », a-t-il lancé.
Une intervention en des termes à peine voilés, mais formulée dans un contexte bien particulier.
En effet, depuis quelques mois, des tirs croisés sont observés entre des gouvernants et certains responsables de l’Église.
Il y a peu, le cardinal Fridolin Ambongo a clairement pris position contre tout changement de la constitution défendue par Félix Tshisekedi, arguant que les réformes constitutionnelles n’étaient pas un gage d’une bonne gestion du pays.
« Comment peut-on dégager beaucoup d’énergie et de l’argent à parler de changement de la constitution au lieu de s’occuper de cette jeunesse abandonnée ? Malheureusement, à voir la réalité que vous vivez aujourd’hui, tout porte à croire que cette jeunesse est sacrifiée », avait-il déclaré le 24 novembre dernier devant la jeunesse catholique à Kinshasa.
En réponse, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, y compris Félix Tshisekedi, ne s’est pas privé de s’en prendre aux pasteurs et évêques qui s’invitent dans des débats politiques, particulièrement celui relatif à la constitution.
« Fridolin Ambongo gère plusieurs écoles catholiques. Lui-même sait ce qu’il demandait aux parents d’élèves quand ils payaient les frais scolaires de leurs enfants. Est-ce qu’il pensait à cette jeunesse ? C’est quelqu’un qui n’est pas bien placé pour parler de la jeunesse de notre pays ! Vous pouvez me citer un seul cardinal que vous avez vu sillonner à travers les médias internationaux au lieu de prêcher la parole de Dieu ; il ne parle que de la politique ? Lui-même sait ce qu’il fait et pour qui il roule. Nous avons commencé l’opposition sans Ambongo, le peuple n’est pas dupe et le peuple sait pour qui il roule », a réagi Augustin Kabuya aux propos du cardinal.
En appelant l’Église catholique à rester au milieu du village à ce moment où le débat enfle sur cette question, le chef de l’État semble ainsi clairement adresser un message à ces prélats catholiques, qui ont pris position en faveur d’un camp, celui de l’intangibilité de la loi fondamentale.
Jean Ngaviro