La capitale congolaise tourne au ralenti depuis plusieurs semaines. Des embouteillages monstres affectent le bon fonctionnement des activités dans la ville, rendant pénible le quotidien des Kinois qui dépensent au-delà de leurs moyens dans un contexte où les bourses de plusieurs familles ne peuvent répondre à cette pression.
Les mesures prises pour endiguer les embouteillages se révèlent impuissantes et aggravent davantage la situation dans une ville d’environ 15 millions d’habitants où les infrastructures routières laissent à désirer. Si la situation n’est pas nouvelle, certains estiment qu’elle est en constante augmentation si l’on compare les trois dernières gouvernances, de Kimbuta à Bumba en passant par Ngobila.
Jamais le déplacement des habitants de la capitale congolaise n’a été aussi difficile. De l’UPN au marché central, il faut prévoir au minimum 6 000 francs congolais, et pour un aller-retour, il faut compter entre 12 000 et 15 000 francs congolais. Les Congolais sont des magiciens, car il est difficile de comprendre comment un fonctionnaire, qui attend 400 000 à 500 000 francs par mois, peut se rendre chaque jour à son poste de travail tout en dépensant 12 000 à 15 000 francs congolais. C’est bien de la magie ou, comme disent les Congolais, un miracle.
Cependant, dans cette situation, les autorités tergiversent ou tâtonnent pour trouver une solution, alors qu’aux yeux des observateurs, celle-ci ne nécessite pas un quelconque miracle. Les grandes artères comme Bokassa, Kassa-Vubu et plusieurs routes secondaires sont impraticables. Mais pour les autorités, il faudrait plutôt procéder au contrôle de certains documents de bord, notamment l’assurance automobile, la vignette et le contrôle technique.
Pour Godé Mpoy, ancien président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, la solution au problème des embouteillages dans la capitale peut être trouvée en 30 jours. Ce député national estime qu’il suffit de prendre en compte tout ce que le Trésor public a déjà décaissé pour la construction ou la réhabilitation des routes depuis 2019, de convoquer toutes les entreprises concernées et de faire un audit avec la menace de confisquer les biens de tous ceux qui se seraient compromis dans la gestion de ces fonds.
Ainsi, les propos du pasteur Gode Mpoyi laissent à penser que le détournement des fonds de l’État est à la base de la situation que traversent aujourd’hui les habitants de la capitale. Comprenons donc que les vraies mesures pour résoudre cette problématique résident dans la fin de l’impunité, car les fonds décaissés depuis 2019 jusqu’à ce jour auraient bien pu permettre la construction ou la réhabilitation des routes.
Il faut noter que la situation sera encore catastrophique en ce mois de décembre, avec les festivités de fin d’année, une période durant laquelle les familles, malgré leurs précarités, se battent pour faire plaisir à leurs enfants pendant les fêtes. Comment offrir aux Kinois de bonnes festivités dans ce contexte ? Difficile de répondre à cette question.
Jacques Amboka Mokoko