Près de deux ans après son initiation, le processus de paix de Luanda peine toujours à réconcilier les régimes de Kinshasa et de Kigali, qui sont entrés en disgrâce après la réapparition du M23, un groupe armé pro-rwandais qui s’est emparé de pans du territoire congolais dans le Nord-Kivu.
João Lourenço, facilitateur désigné de l’Union africaine dans ce processus, a beau tenter d’obtenir la désescalade, les deux États ont multiplié les accusations de part et d’autre, accroissant ainsi la méfiance entre la RDC et le Rwanda.
Après la mort du processus de Nairobi, celui de Luanda est pourtant resté le seul encore en cours pour mettre fin au conflit armé au Nord-Kivu.
Le mardi 8 octobre dernier, les chances que Luanda apporte des solutions à la crise se sont amoindries. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères, a chargé le régime de Kigali, affirmant que ce dernier constituait un blocage aux pourparlers.
La diplomate congolaise a rappelé que le Rwanda s’échappait toujours derrière la neutralisation des FDLR, qu’il brandit constamment comme préalable au désengagement des forces sur le terrain. De plus, a martelé la cheffe de la diplomatie, Kigali a souvent évoqué « la nécessité d’un mécanisme de justice régional », tout en rejetant toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix.
Naturellement, le régime de Kigali a de nouveau rejeté les accusations du gouvernement congolais, laissant exacerber un conflit qui dure depuis longtemps.
Dans le fond, l’espoir que le processus de Luanda mette fin aux tensions entre les deux pays s’amenuise. Les autorités congolaises sont restées catégoriques, exigeant que le Rwanda retire ses troupes du sol congolais et ordonne que le M23 dépose les armes et se retire des entités conquises.
Concernant les FDLR, Kinshasa n’a pas donné son accord pour mener des opérations communes avec le Rwanda pour leur neutralisation. Lors d’une récente réunion ministérielle à Luanda, la ministre congolaise des Affaires étrangères s’était d’ailleurs montrée intraitable à ce sujet.
La rencontre avait alors pris fin sur une note peu concluante, comme l’ont rapporté des sources diplomatiques. Dans ce climat toujours tendu, une autre réunion ministérielle, qui devait avoir lieu du 30 septembre au 1er octobre, a également avorté.
Jean Ngaviro, correspondant à Butembo