Le Haut-Katanga traverse une crise majeure au sein du Programme National d’Hygiène aux Frontières (PNHF) en raison du refus de Patrick Ilunga Kabuji Mume, coordonnateur provincial sortant, de céder son poste au Dr vétérinaire Bienvenu Kalamb Key, son successeur désigné. Ce refus, qualifié d’insubordination, a conduit à la suspension préventive d’Ilunga par sa hiérarchie nationale.
Le coordonnateur a été rappelé à Kinshasa pour occuper un poste d’expert technique au Secrétariat Général de la Santé publique, conformément à la commission d’affectation N°1250. Malgré cette directive claire, Ilunga refuse d’effectuer la remise et reprise avec son successeur, nommé par arrêté ministériel le 24 mai dernier.
Le blocage a atteint un point critique avec son refus de régulariser les rétrocessions de la taxe DDVR, interprété comme une rétention injustifiée de fonds publics. Cette situation a entraîné sa suspension conservatoire, avec une injonction de rejoindre Kinshasa pour y être entendu, sous peine de sanctions sévères, y compris une possible requalification de sa situation en abandon de poste.
À Lubumbashi, la mise en œuvre des nouvelles nominations est entravée par des autorités locales, notamment le gouverneur Jacques Kyabula, qui semble hésiter à entériner la nouvelle direction du PNHF. Le président de l’Assemblée provinciale, Michel Kabwe, est accusé de bloquer le processus, invoquant la nécessité de préserver la quiétude face aux manifestations autour du départ d’Ilunga.
Des analystes estiment que ces manifestations sont manipulées par un groupe d’agents syndicalistes préoccupés par la perte de leurs privilèges avec l’arrivée d’un nouveau chef. La présence d’une délégation à Kinshasa, financée par les fonds du PNHF, souligne le soutien dont bénéficie Patrick Ilunga.
Cette situation soulève des questions sur la crédibilité de l’État congolais face à cette désobéissance administrative. Le Dr Kalamb Key, vétérinaire formé à l’Université de Lubumbashi et cofondateur du PNHF, possède une expérience reconnue. L’obstruction à son accès légal à son poste, motivée par des considérations identitaires, constitue une dérive préoccupante pour la gouvernance publique.
Des rumeurs circulent sur une volonté de maintenir Patrick Ilunga ou de désigner un « autochtone » du Haut-Katanga, excluant ainsi les cadres d’autres provinces, en contradiction avec les principes d’unité nationale.
En réponse à cette crise, les comptes bancaires du PNHF ont été gelés, une mesure du pouvoir central visant à prévenir toute gestion illégale. Patrick Ilunga, désormais déchargé, pourrait être considéré comme un « déserteur » s’il ne rejoint pas Kinshasa dans le délai imparti.
La balle est maintenant dans le camp des institutions provinciales et des forces de l’ordre. La question demeure : jusqu’où ira cette défiance organisée ? Une chose est certaine : la bonne gouvernance ne peut s’accommoder de l’anarchie.
Lubumbashi, Loss-Adonis
