Le dicton populaire « après la pluie vient le beau temps » symbolise l’espoir et la résilience face aux épreuves. Cependant, à Kinshasa, cette expression semble perdre tout son sens lorsque l’on observe les réalités sur le terrain après chaque averse. Loin d’apporter un renouveau, la pluie expose plutôt les failles structurelles et organisationnelles de la capitale congolaise. Voici quelques arguments concrets qui montrent pourquoi, à Kinshasa, le beau temps tarde à venir après la pluie.
1. Des inondations récurrentes et destructrices
À chaque pluie, Kinshasa devient le théâtre d’inondations dévastatrices. Les eaux s’engouffrent dans les maisons, détruisant les biens des habitants et, parfois, causant des pertes en vies humaines. Les zones comme Bandalungwa, Ngaliema, Limete ou encore Kimbanseke figurent parmi les plus touchées. Ces inondations trouvent leur origine dans un système de drainage défaillant, des caniveaux bouchés par les déchets et une urbanisation anarchique.
2. Un réseau routier impraticable
La pluie transforme les routes de Kinshasa en véritables marécages. Les nids-de-poule deviennent des cratères, et les avenues non asphaltées se transforment en bourbiers, rendant la circulation quasi impossible. Cette situation impacte gravement l’économie locale, retardant les activités commerciales et augmentant les coûts de transport.
3. La prolifération des maladies
Avec les inondations viennent les problèmes sanitaires. Les eaux stagnantes deviennent des foyers de prolifération pour les moustiques, responsables du paludisme, et pour les bactéries à l’origine de maladies diarrhéiques. Les structures de santé, déjà débordées, peinent à gérer ces pics épidémiques post-pluie.
4. Une gestion municipale inefficace
Le rôle des autorités municipales dans cette situation est souvent remis en question. Malgré les discours sur l’assainissement et l’urbanisation, peu d’actions concrètes sont menées pour prévenir les dégâts causés par les pluies. L’absence d’une politique claire de gestion des déchets et l’inefficacité des services de voirie accentuent le problème.
5. Un coût humain et psychologique élevé
Au-delà des dégâts matériels, les habitants de Kinshasa subissent un stress constant à l’idée des prochaines pluies. La peur de perdre leurs biens ou même leurs proches devient une réalité pesante. L’expression « après la pluie vient le beau temps » devient un leurre pour ces citoyens qui voient leur quotidien empirer avec chaque averse.
Des solutions possibles ?
Pour que le dicton retrouve son sens, plusieurs pistes doivent être envisagées. Il s’agit de :
– Réhabiliter les infrastructures : Construire des caniveaux adaptés et asphalter les routes.
– Sensibiliser la population : Promouvoir une gestion responsable des déchets pour éviter de boucher les canaux d’évacuation.
– Renforcer la gouvernance urbaine : Exiger des plans d’urbanisation rigoureux et la mise en œuvre de projets d’assainissement efficaces.
– Mobiliser des fonds : Solliciter l’aide des partenaires internationaux pour financer des projets d’envergure.
En somme, Kinshasa peut aspirer à transformer ce paradigme, mais cela exige une volonté politique forte, une implication citoyenne active et une planification à long terme. Ce n’est qu’à ce prix que « le beau temps » pourra enfin succéder aux pluies dans cette ville au potentiel immense.
Don de Dieu Mbavu