La crise qui secoue la République démocratique du Congo, marquée par l’occupation d’une partie du territoire par le M23-AFC soutenu par le Rwanda, continue d’alimenter les débats politiques et médiatiques. Cette situation a ouvert deux pistes de dialogue : l’une à Doha, où le gouvernement congolais échange avec la rébellion, et l’autre à Washington, où la RDC et le Rwanda ont déjà signé un accord de principe.
Cependant, force est de constater que les choses n’évoluent guère. À Doha, les autorités qataries ont suspendu le processus, invoquant d’autres priorités, tandis qu’à Washington, la signature définitive de l’accord se fait toujours attendre. Selon certaines sources, la RDC aurait conditionné sa signature au retrait des troupes rwandaises de son territoire — une exigence jugée essentielle par Kinshasa, mais que Kigali affirme ne jamais avoir vue figurer dans les négociations.
Dans ce contexte, l’opposition non armée continue d’exiger un dialogue interne, réunissant toutes les forces politiques du pays autour d’une même table. De Lamuka à Ensemble pour la République, en passant par le FCC de Joseph Kabila, tous estiment que le dialogue initié par la CENCO et l’ECC demeure la voie la plus sûre pour sortir la RDC de cette impasse.
Le président Tshisekedi, sans rejeter l’idée d’un dialogue, reste toutefois prudent. Pour lui, un dialogue oui, mais pas avec tout le monde. Le chef de l’État insiste sur la nécessité d’en fixer les règles, le rythme et les principes, dont la reconnaissance par tous les participants de l’agression rwandaise contre la RDC. Il estime que chacun doit condamner clairement le rôle du Rwanda dans cette crise.
Mais au sein de l’opposition, si certains dénoncent ouvertement Kigali, d’autres préfèrent mettre l’accent sur les problèmes internes du pays, estimant que les racines du mal sont d’abord congolaises.
Pour Delly Sessanga, président du parti Envol et ancien député national, le dialogue prôné par la CENCO et l’ECC reste la seule issue viable. Selon lui, Félix Tshisekedi n’a que deux options : accepter le dialogue ou le refuser. Dans ce dernier cas, explique Sessanga, le président devra résoudre seul la crise, puisqu’il dispose déjà de la majorité au Parlement et du contrôle de toutes les institutions.
« Il a encore 1100 jours pour le faire », rappelle-t-il, soulignant la responsabilité pleine et entière du chef de l’État dans la recherche d’une issue durable.
Invité sur le plateau d’une chaîne de télévision de Kinshasa, Delly Sessanga a reproché au président de faire preuve d’arrogance lorsqu’il aborde cette question.
Reste à savoir, toutefois, si le dialogue tant réclamé par l’opposition sera réellement capable de mettre fin à cette crise devenue récurrente depuis plus de trois décennies, et qui continue de plonger l’Est du pays dans un cycle sans fin de violences et de désolation.
Jacques Amboka Mokoko
