En République démocratique du Congo, tous les débats sont désormais tournés vers le projet de changement de la Constitution prôné par le chef de l’État Félix Tshisekedi.
En effet, le Président de la République a annoncé qu’ici 2025, une commission d’experts sera mise en place pour examiner les paramètres, en vue de l’élaboration d’une nouvelle loi fondamentale, remplaçant celle du 18 février 2006.
Un long chemin à parcourir
Malgré les intentions et le soutien que certains leaders politiques ont apportés au projet du chef de l’État, la tâche est loin d’être acquise. En effet, changer la constitution implique qu’un référendum sera convoqué, et que les Congolais devront décider si oui ou non, la RDC mérite de basculer dans la 4e République.
Ceci sous-entend qu’une commission chargée de conduire le vote (une sorte de CENI circonstancielle) sera mise en place, avec tous les contours que cela pourrait exiger. Par la suite, un acte convoquant le référendum devra être signé et publié.
De plus, cette CENI devra établir un nouveau calendrier, élaborer un budget pour le référendum, enrôler les électeurs pour constituer un fichier, mettre en place les kits électoraux (machines à voter, bulletins de vote), ainsi que des témoins, des observateurs nationaux et internationaux, des centres et bureaux de vote, des accréditations, le déploiement, et mener une campagne électorale, etc.
En parallèle, le référendum devra également tenir compte du climat politique et sécuritaire dans le pays. Aujourd’hui, les partis d’opposition et plusieurs organisations de la société civile sont fermement opposés au projet, et des leaders politiques sont toujours détenus dans des prisons, ce qui assombrit le climat politique.
Sur le plan sécuritaire, les partisans du référendum doivent s’assurer que tous les Congolais y participent. Cependant, plusieurs agglomérations sont actuellement contrôlées par le M23 dans le Nord-Kivu, ce qui pourrait empêcher certains citoyens de participer à un référendum qui est censé impliquer toutes les parties de la République.
Par ailleurs, selon de nombreux observateurs, le référendum pourrait coûter au pays plus d’un milliard et demi de dollars américains, alors que les dernières élections ont été difficilement organisées en raison de problèmes financiers.
Les autorités congolaises doivent donc s’assurer de mobiliser ces fonds pour mener à bien le projet, ce qui ne sera pas une mince affaire pour le trésor public. De plus, d’autres moyens devront être alloués aux élections post-référendum pour la mise en place de nouvelles institutions.
« En 2005-2006, Joseph Kabila s’est appuyé sur le pouvoir de transition, le parlement de transition découlant de la loi n° 05/010 du 22 juin 2005 portant organisation du référendum constitutionnel en RDC. Aujourd’hui, avec une Constitution en vigueur et le pays hors régime de transition, comment Félix Tshisekedi va-t-il procéder sans coût d’État, sans dissoudre les institutions actuelles pour une période de transition ? », s’interroge un internaute opposé au projet du président congolais.
L’avenir est donc incertain. Personne ne peut présager, pour l’instant, comment sera la situation politique dans les prochains jours, ni comment le chef de l’État parviendra à atteindre son objectif : celui de faire basculer la RDC dans la 4e République.
Jean Ngaviro