C’est le moment de comprendre les faits et gestes significatifs. Les vrais…

En moins d’une semaine, Goma, Bukavu et Bunia – villes en fronde contre la Monusco pour incapacité avérée d’assurer et d’assumer son mandat de protection des populations civiles – ont vu leur propre niveau d’insécurité s’accentuer en mettant cette fois aux prises des communautés ethnotribales locales. C’est-à-dire recréer la cause même du maintien de la mission onusienne renouvelé tous les six mois. Le feu s’est rallumé avec une rapidité et une intensité inouïes nécessitant la continuité de la présence des Casques bleus ! Effet boomerang, dirait-on. Il est à noter que cette présence se justifie par deux instruments : « Accord de cessez-le-feu de Lusaka » signé officiellement le 10 juillet 1999 dans la capitale zambienne et « Accord de siège» où Sofa signé le 2 mai 2000 à Kinshasa et à New York…

LE GOUVERNEMENT SE CHARGE DE LA SECURISATION DE LA MONUSCO

L’Accord de Lusaka a eu deux objectifs : instaurer le cessez-le-feu entre les belligérants et, préconiser les négociations politiques intercongolaises devenues Dialogue intercongolais.
Les belligérants internes sont le Gouvernement central (représenté par Laurent Désiré Kabila) et les deux rébellions, à savoir le Rcd et le Mlc tandis que les belligérants externes sont, du côté du Gouvernement, trois Etats (Angola, Zimbabwe et Namibie), du côté du Rcd deux Etats (Rwanda et Burundi), du côté du Mlc, un Etat (Ouganda).

Sont cités comme témoins la Zambie, l’Ua (à l’époque Oua), l’Onu et la Sadc, en plus des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Dans cet accord, au chapitre 8, est prévu le déploiement d’une force internationale ayant pour mission le maintien de la paix, mais aussi la traque et le désarmement des groupes armés identifiés au chapitre 9 : *ex-Forces armées rwandaises (ex-Far), Adf, Lra, Unrf II, milices Interahamwe, Funa, Fdd, Wnbf, Nalu, Unita* .

Il y a lieu de noter Adf et Nalu , des organisations rebelles ougandaises.

Quant à l’Accord de siège ou Sofa, il a pour objectif l’encadrement juridique et technique du déploiement de la Force internationale prévue dans l’Accord de Lusaka. Sa particularité est l’engagement pris par le Gouvernement de sécuriser ses ressources humaines et sa logistique. D’où la mise sur pied et l’entrée en scène de la Monuc (Mission de l’Onu au Congo) devenue plus tard Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo).
Du Sofa, peuvent être retenus les articles 47, 48 et 28 dont voici le libellé :
article 47* : « Le Gouvernement s’engage à respecter le statut exclusivement international de la Monuc, tout comme la Monuc s’engage à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo» ;

article 48 : « Le Gouvernement prend toutes les mesures utiles pour assurer la sécurité de la Monuc et de ses membres. A la demande du Représentant spécial du Secrétaire général, le Gouvernement assure la sécurité voulue pour la protection de la Monuc, de ses biens et de ses membres pendant l’exercice de leurs fonctions_».

article 28 : « Les observateurs militaires et le personnel civil autre que les fonctionnaires des Nations Unies dont les noms sont communiqués à cette fin au Gouvernement par le représentant spécial sont considérés comme des experts en mission au sens de l’article VI de la Convention».

Bon nombre de Congolais ne le savent pas : la Mission onusienne, à laquelle le Conseil de sécurité a donné mandat d’assurer la protection des populations civiles, est elle-même sous protection du Gouvernement central via les Fardc et la Pnc. D’où l’interposition répétée des éléments de l’armée et de la police entre la population et la Mission onusienne lorsque celle-ci est attaquée, comme cela est le cas actuellement à l’Est.

PAS DE CHOIX ALTERNATIF…

Voici bientôt 21 ans que la Mission onusienne est déployée en RDC. En deux décennies, et en raison des résultats visibles, il n’est pas étonnant de voir les Congolais s’interroger sur les résultats de son déploiement quand on sait, par exemple, que les actes de violence se poursuivent parfois au vu et au su des éléments de la force internationale.

La précision vaut déjà la peine d’être donnée : aucun pays, mais alors aucun pays contributeur en ressources humaines ne met ses citoyens, militaires ou civils, à la disposition des Nations Unies pour aller se faire tuer, voire se faire blesser au front ou ailleurs. L’affaire Catalan et Sharp en est la preuve.

Les Congolais n’ont pas à se faire d’illusion à ce sujet : seuls les militaires et les policiers congolais doivent, au pire, mourir et, au mieux se faire blesser pour le Congo. C’est dans leur « cahier des charges ».

Il va sans dire qu’il revient logiquement aux populations congolaises de les protéger.

Effectivement, il n’y a pas de choix alternatif du moment que la Force onusienne ne s’était pas appliquée au départ sa charge contenue aux chapitres 8 et 9, notamment le désarmement et la traque des groupes armés étrangers cités ci-haut. *Si la question avait été réglée au sortir du Dialogue intercongolais, entendez pendant la période où l’armée et la police n’étaient pas à proprement parler opérationnelles, les groupes armés comme les Fdlr (nées de la fusion ex-Far et milices Interhamwe) et les Adf/Nalu seraient déjà neutralisés par la Mission onusienne.*

Hélas, ils ont survécu, et certains – ceux qui se sont islamisés – sont dans les contrées de l’Est où sont opérationnelles les troupes d’origine islamique ! Peut-être par coïncidence troublante.

Finalement, ils n’ont pas tort, ceux qui soupçonnent une sorte de transfèrement vers l’Est du Congo des crises islamistes, l’hinterland kivutien et iturien étant comme programmés à se substituer au *Kurdistan* actuel regroupant à lui seul la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie et devenant de moins en moins attractif…

RDC UN INTERET STRATEGIQUE AMERICAIN ?

Dans cette perspective effroyable, on ne peut s’empêcher de se tourner vers Washington au double motif suivant :
– 1. la Monusco (Monuc en 2000, Onic en 1960) a pour bailleur de fond principal les États-Unis ;

– 2. Bill Richardson, à l’époque représentant permanent des États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU, avait présenté la RDC en intérêt stratégique américain .

D’ailleurs, c’est par la volonté de Washington et non de Bruxelles que le Congo Belge est devenu indépendant en 1960.

Dans la dernière livraison intitulée « Situation sécuritaire à l’Est, Tous connaissent la solution», démonstration est faite que la crise politique, à impact visible sur la crise économique et sociale sur le territoire congolais, a pour origine Berlin 1885 avec l’Accord général sur le Bassin du Congo.

Ne pas l’admettre par envie sadique de responsabiliser successivement Kasa-Vubu, Mobutu, L-D. Kabila et Joseph Kabila hier, aujourd’hui Félix Tshisekedi et demain son successeur ne peut que relever de la mauvaise foi stupide, de l’amateurisme désespérant.

Aussi, avec les événements en cours à l’Est (soulèvement de la population contre la Monusco), le moment est-il venu de comprendre les choses. Les vraies. Celles qui, par des faits et gestes significatifs, convainquent que la Mission onusienne est juste un bouc émissaire !
Le bon bouc-émissaire…

Omer Nsongo die Lema
http://@die_lema
E-mail : omernsongo@gmail.com
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