De tous les projets censés survivre au Chef de l’Etat tout en marquant profondément sa carrière, il y a la Cellule d’Etudes Desk Grands Lacs dont l’existence est consacrée par l’Ordonnance n°24/081 du 07 septembre 2024 et le Programme de Développement Local des 145 Territoires jusque-là sans base juridique, même s’il est déjà en exécution. Liés intimement, les deux sont du même cru…
TAUX DE RÉALISATION N’AYANT PAS TRADUIT LES ESPOIRS SUSCITÉS
Pour en mesurer la portée, autant commencer par le second connu sous la formule « PDL-145 ».
Lors de sa présentation le 19 mars 2021, ce programme avait comme actions principales :
La réhabilitation et/ou l’entretien de 38.936 Km de route et de 444 ouvrages d’arts_;
La construction de 418 mini-centrales solaires et de 471 km d’éclairage public_ ;
La construction de 3.071 forages et de 447 sources d’eau aménagées ;
La construction de 238 marchés modernes ;
La construction de 145 bâtiments administratifs dans les chefs-lieux des territoires et de 636 bâtiments administratifs dans les chefs-lieux des secteurs_ ;
La construction de 1.450 logements du staff dirigeant des territoires en raison de 10 dans chaque chef-lieu ;
788 centres de santé et 1.210 écoles à construire et/ou à réhabiliter et équiper_ ;
500.000 producteurs locaux à structurer, à professionnaliser par filière à raison de quatre filières par territoire ;
4.340 équipements agricoles de production, de traitement et de transformation à acquérir pour le développement de champs collectifs de 75 hectares par filière et par territoire, soit un total de 43.000 hectares pour les 145 territoires ;
500.000 tonnes d’intrants et de semences à distribuer aux producteurs et ménages locaux agricoles .
Comme sources : » Ministère du Plan et Bceco ».
Lors de la campagne électorale de 2023, soit deux ans après, on s’attendait à voir le candidat n°20 passer de territoire en territoire pour des inaugurations. Cela n’a pas été le cas au motif simple : la plupart des infrastructures communautaires (centres de santé, centres d’éducation, bureaux administratifs, marchés, routes de desserte agricole) financées sur fonds propres ont connu diverses fortunes ; le taux de réalisation n’ayant pas traduit les espoirs suscités.
Certes, les travaux se poursuivent jusqu’à ce jour. Mais, on ne sait pas trop, aujourd’hui, quelle infrastructure mettre au compte du Projet des 100 Jours, du Projet Tshilejulu, du PDL-145 T ou des Programmes des Gouvernements Ilunga Ilunkamba, Sama Lukonde et même Suminwa
De toutes les façons, dans le discours de l’An 1 de son investiture pour le second mandat (le 20 janvier prochain), le Président de la République pourrait en dire quelque chose.
POUR QUEL RÉSULTAT ?
Après avoir « privé » son peuple du message traditionnel de Nouvel An, Félix Tshisekedi devrait s’exprimer dans ce contexte. Car, peu importe l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est, l’opinion voudra l’entendre sur ses initiatives en rapport avec la gestion de la guerre dans cette partie du pays ayant pour États voisins le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, les 4 premiers étant en belligérance interne avérée. Ce qui a pour effet d’affecter les provinces de l’Ituri, du Nord Kivu, du Sud Kivu et du Tanganyika. Il y a l’état de siège, le Processus de Luanda, le Processus de Nairobi, la Sadc, l’Eac, Monusco, les Fardc, Wazalendo, le M23-AFC, les Fdlr, les Adf-Nalu,etc.
C’est vrai que pour des raisons plutôt politiciennes que politiques, on a réussi à remonter l’insécurité à l’Est à l’avènement de l’Afdl.
La réalité est pourtant ailleurs en ce que depuis le 30 juin 1960, la partie orientale a toujours été en état de guerre permanent : sécessions katangaise et sud-kasaïenne, rébellions Lumumbiste et muleliste, mutineries des mercenaires Jean Schramm et Bob Denard, guerres du Shaba 1 et 2 etc.
Diverses solutions ont été préconisées dont les dernières sont la gouvernance 1+4, le brassage, le mixage, la Conférence de Goma, le Processus de Kampala etc.entre 2001 et 2024.
Pour quel résultat ?
La solution pragmatique est la mise sur pied de la Cellule d’Etudes Desk Grands Lacs.
Dans l’ordonnance consacrant sa création, son organisation et son fonctionnement, ses 5 missions sont bien précisées. A l’article 2, on retient toutefois du Desk G-L qu’il est _ » une structure stratégique, sécuritaire et promotrice de la paix. Elle a pour mission principale de mener des réflexions sur les questions importantes de sécurité, de développement économique, de protection de l’environnement, de surveillance des frontières et autres qui concernent directement ou indirectement la région Est de la République Démocratique du Congo».
Bien entendu, elle rend compte au Président de la République.
Si on veut aller loin, on ménage sa monture…
INTIMEMENT LIÉS
Reste à savoir si ces deux projets, confrontés aux réalités du terrain, pourraient souffrir de démotivation, ce d’autant plus qu’à bien les analyser, ils sont intimement liés.
En effet, sans la sécurité à l’Est du pays, il est quasiment impossible de réaliser le développement *intégré et équilibré* du pays, de construire quelque chose de solide et de durable dans l’une ou l’autre de ces 4 provinces congolaises.
Pire, le traumatisme que vivent les compatriotes de l’Etst au travers de ces conflits cycliques est de nature à créer une déconnexion avec leurs propres leaders qui, eux, sont en train de commettre la bavure d’hypothéquer leur avenir et celui de leurs propres enfants en se croyant en sécurité ailleurs au pays ou à l’étranger. Cette » déconnexion » pourrait en faire des « apatrides »
Quant à l’Ouest, il redoute le « non-développement » qui le guette également dès lors que les moyens à affecter à la réalisation des infrastructures dont il a besoin dans le cadre du PDL-145 T pourraient à tout moment être détournés au nom de l’effort de guerre.
Finalement, le Desk-GL et le PDL-145 T sont deux projets majeurs qui défient leur initiateur mis désormais devant ses responsabilités : ou Félix Tshisekedi il les fait avancer ensemble, et ça passe. Ou il ne le fait que pour l’un sans l’autre, voire sans les deux, et ça casse…
PROCHAINEMENT : « Embouteillages dans les secteurs de la vie nationale »
Omer Nsongo die Lema