*_Terrible aveu du Secrétaire général de l’Onu :  » La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco_ »*

*Marc Perlman (pour France 24) et Christophe Boisbouvier (pour Rfi) ont recueilli d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, une interview publiée le 18 septembre 2022 sous le titre « J’espère que la CPI va pouvoir enquêter sur Izioum ». Izioum, c’est en Ukraine. Parmi les sujets abordés : Iran, Haïti, Mali (avec la détention des 46 soldats ivoiriens le dossier iranien) et, tout naturellement RDC, particulièrement la situation sécuritaire à l’Est. CONGO30JUIN.COM reproduit intégralement la partie concernant la République Démocratique du Congo. Certes, le cas de l’armement du M23 est connu de l’opinion publique depuis juin dernier lorsque le Conseil de sécurité de l’Onu a renouvelé le mandat de la Monusco pour une année, mais surtout maintenu l’embargo sur la liberté pour le Gouvernement d’accéder à l’acquisition des armes, embargo présenté comme allégé puisque la contrainte unique est de se plier à la traçabilité. Ce qui est toutefois grave, c’est le fait que la confirmation de la supériorité « militaire » du M23 sur la Monusco provienne du Secrétaire général de l’Onu en personne, alors que jusque-là, c’était l’aveu d’un porte-parole de la Monusco (expulsé d’ailleurs), ensuite la cheffe même de cette mission. En voici l’extrait intégral :*

_Christophe Boisbouvier (CB) : Dans l’est du Congo-Kinshasa, les populations manifestent contre les casques bleus de la Monusco parce qu’elles accusent les casques bleus de ne pas les protéger contre les rebelles. Il y a eu des manifestations meurtrières au mois de juillet. Est-ce que vous allez envisager un départ anticipé de ces casques bleus avant la date de 2024, et peut-être même avant la présidentielle de la fin 2023, comme vous le demandent plusieurs autorités ?_

*Antonio Guterres (A.G* ). : Il y a un programme de réduction progressive de la force qui est accordée avec le gouvernement. Mais parlons franchement : les populations ont le désir et la perspective que les forces onusiennes soient capables de battre les mouvements qui les attaquent et de leur garantir la protection. Mais on est dans une situation extrêmement difficile.
Le M23 a été comme vous le savez la raison de ces dernières manifestations, le fait que les Nations unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco.

_C.B. : Et viennent-ils du Rwanda ces équipements ?_

*A.G* . : Ils viennent de quelque part.

_Marc Perlman (MP) : Vous semblez dire oui_ …

*A.G* . : Ils viennent de quelque part.

_MP : De quelque part, d’à côté…_

*A.G* . : Ils ne sont pas nés dans la forêt. Ils viennent de quelque part. Ce qu’il faut, à mon avis, et c’est l’essentiel, c’est de trouver une discussion sérieuse entre le Congo, le Rwanda et l’Ouganda pour qu’on puisse avoir une perspective conjointe pour éviter cette permanente situation qui nous fait toujours, quand on a un progrès, revenir en arrière. Il faut que ces pays se comprennent mutuellement et il faut que ces pays coopèrent effectivement pour la sécurité de l’est du Congo, et aussi pour les garanties de sécurité, il ne faut pas l’oublier, du Rwanda et de l’Ouganda.

Il ne faut pas oublier que les ADF [Forces démocratiques alliées] sont un mouvement originaire de l’Ouganda. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore dans le Congo, les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] qui est un mouvement sorti des génocidaires hutus. Il y a des préoccupations de tous les pays. Il faut qu’ils s’entendent parce que, penser qu’une force de maintien de la paix puisse résoudre des problèmes quand il y a maintenant des forces militaires extrêmement bien armées, c’est impossible. Et les populations naturellement ne le comprennent pas. Et pour nous, c’est une énorme préoccupation.

D’ailleurs, c’est un problème général sur le futur des opérations de maintien de la paix. Les opérations de maintien de la paix étaient faites pour maintenir la paix. Mais maintenant, elles opèrent dans des situations où la paix n’existe pas. Et c’est une réflexion essentielle. Nous avons fait un certain nombre de réformes pour améliorer la capacité, pour améliorer leur sécurité.

Mais la vérité, c’est qu’il nous faut une réflexion profonde sur le futur du maintien de la paix dans des situations comme celles-là. *Et moi, je suis entièrement favorable à ce qu’il y ait des forces d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, des forces africaines d’imposition de la paix et de lutte anti-terroriste, menées sous l’égide de l’Union africaine et financées par les contributions obligatoires du système des Nations unies, comme les forces de maintien de la paix. Sans des forces africaines robustes d’imposition de la paix, je crois qu’on ira nulle part* .

*C’EST LA FAUTE À SA FACE INVISIBLE*

Tout est dit dans les deux dernières phrases. Antonio Guterres s’exprime en son nom en utilisant le pronom « *Je* » à la place de « *Nous* ».

*Sa conviction est l’échec des missions internationales du genre Monusco en RDC, Minusma au Mali, Munisca en République Centrafricaine.*

Sa proposition est la constitution des missions africaines robustes d’imposition de la paix sans lesquelles, affirme-t-il, « _on n’ira nulle part_ ».

Ce qu’Antonio Guterres ne dit pas cependant, c’est qu’à Kampala en 2013, lorsque la Cirgl avait envisagé la mise sur pied de la *Brigade d’intervention* pour neutraliser le M23, brigade composée exclusivement des forces armées africaines (d’où l’apport des militaires malawites, sud-africains et tanzaniens) mais surtout voulue *autonome* par la RDC appuyée par plusieurs pays membres, seul le *Rwanda* s’y était opposé.
L’Onu avait finalement *imposé l’intégration de cette force dans la Monusco* .

On en connaît la suite après que le M23 ait été défait en 2013.

Depuis, l’intégration a plutôt *liquéfié* cette force. Ceci d’un.

De deux, Antonio Guterres enjoint *maintenant* la RDC, le Rwanda et l’Ouganda à mutualiser leurs efforts pour venir à bout de leurs groupes armés respectifs. Il cite nommément les Adf pour l’Ouganda, les Fdlr pour le Rwanda et le M23 pour la RDC.
Ce qu’il ne souligne pas cependant, c’est que *les Nations Unies n’imposent les négociations qu’à la RDC pour le M23* . Elles n’en font pas autant à l’Ouganda pour les Adf, ni au Rwanda pour les Fdlr.

En définitive, l’Onu (du moins sa *face visible* ) s’avoue incapable d’aider la RDC à se libérer de ses groupes armés en misant sur la Monusco. Ce qui fait, évidemment, peser de sérieuses hypothèques sur la Force régionale de la Cea au cas où le Rwanda, comme d’habitude, venait à faire la résistance !

Bien entendu, ce n’est pas la faute à Antonio Guterres.
C’est la faute à la *face invisible* de la Tour de verre à laquelle l’Onu est redevable de son existence à tous les plans.
Ne suivez pas mon regard.

Omer Nsongo die Lema

 

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