Les masques sont finalement tombés. Le sommet raté de Luanda a permis de mettre à jour les stratagèmes du régime de Kigali, qui a toujours nié son soutien au M23, en dépit de multiples preuves physiques découvertes sur le terrain des affrontements.

Depuis la reprise du conflit armé dans le Nord-Kivu, le gouvernement congolais a toujours dénoncé le rôle du Rwanda. Les autorités rwandaises, quant à elles, ont souvent rejeté en bloc toutes les accusations, allant jusqu’à affirmer que la guerre du M23 se déroulait entre Congolais.

Cependant, tout est désormais clair. À Luanda, où la RDC et le Rwanda sont en pourparlers depuis plusieurs mois pour mettre fin aux tensions, Kigali s’est enfin dévoilé.

Alors que plus de 90 % des matières étaient déjà épuisées et qu’il ne restait que la signature d’un accord définitif de paix entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, le Rwanda a exigé l’introduction d’une clause contraignant Kinshasa à négocier avec les rebelles avant d’apposer sa signature sur le document.

À ce sujet, des questions légitimes se posent, notamment : sur quelle base le Rwanda conditionne-t-il la signature d’un accord de paix à un dialogue direct entre la RDC et le M23, alors qu’il affirme ne pas soutenir la rébellion ?

Pourtant, le M23 a toujours déclaré qu’il n’était pas concerné par le processus de Luanda, qui impliquait plutôt deux pays. Cependant, en marge de la tripartite annoncée, qui a avorté, le gouvernement rwandais s’est fait le porte-parole du M23.

Cette attitude vient confirmer toutes les thèses avancées par les autorités congolaises, y compris les forces vives du Nord-Kivu, qui ont toujours dénoncé la présence massive des soldats de la Rwanda Defence Force (RDF) sur le sol congolais.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois. Depuis l’avènement de l’AFDL avec Laurent-Désiré Kabila en 1996, Kigali s’est toujours appuyé sur des rébellions pour tenter d’affaiblir la RDC et piller ses richesses.

Après avoir aidé Désiré Kabila à prendre le pouvoir à Kinshasa, il a ensuite créé le RCD pour le combattre. Puis, en 2004, le Rwanda a soutenu Jules Mutebushi et Laurent Nkunda lors de l’assaut contre Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.

Entre 2007 et 2009, il a relancé Laurent Nkunda en créant le CNDP au Nord-Kivu. En 2012, toujours au Nord-Kivu, ce fut la première apparition du M23, notamment avec la prise de Goma. Fin 2021, l’actuel M23 a refait surface, toujours avec le soutien en hommes et en munitions de Kigali.

Jean Ngaviro

×

Hello!

Click one of our contacts below to chat on WhatsApp

× Contactez-nous