En République démocratique du Congo, tout ou presque tourne autour de l’épineuse question de l’agression rwandaise, avec une question centrale : que va-t-il se passer après l’invasion de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où le M23, appuyé par le RDF, l’armée rwandaise, contrôle la ville ? On parle de plus de 3000 morts occasionnés par des combats entre les FARDC, appuyées par les patriotes Wazalendo, et le M23, lourdement soutenu par l’armée rwandaise.
Goma sous occupation, l’affaire préoccupe tous les Congolais et crée une psychose jusqu’à la capitale, siège des institutions de la République. Par ailleurs, l’opinion congolaise est critique vis-à-vis des acteurs politiques qui gardent un mutisme dérangeant ou qui s’expriment timidement. Si l’on peut s’en prendre à l’opposition, les critiques sont encore plus virulentes envers ceux qui occupent les institutions, ou ceux qui sont à la tête de l’Union Sacrée de la Nation, la famille politique du Chef de l’État.
Cependant, la deuxième institution du pays, l’Assemblée nationale, a ouvert une session extraordinaire le lundi 4 janvier sous la présidence de Vital Kamerhe, speaker du parlement.
En fin orateur, celui qu’on appelle Mwalimo (Maître) s’est ainsi exprimé devant ses pairs :
« Vous savez combien est la détermination du président de la République d’en découdre avec l’adversaire. Mais quand il nous dit : « Je voudrais que vous m’apportiez des contributions sur le volet diplomatique », est-ce qu’il faut qu’on vous fasse un dessin ?
Le président veut épargner les vies humaines. Nous voulons frapper les agresseurs parce qu’il y a derrière eux des puissances. Nous continuons cette guerre de gauche à droite, mais le temps ne joue pas à notre faveur », a déclaré Vital Kamerhe.
Un message interprété par plusieurs analystes comme signifiant que l’option militaire pour la RDC ne peut plus être envisagée. C’est même le sens de l’idée de vouloir préserver les vies évoquée par Vital Kamerhe, citant le président de la République Félix Tshisekedi. Dans un contexte où la ville de Goma est sous contrôle du M23 et du RDF, les autorités sont appelées à plus de sagesse et de prudence pour décider de la marche à suivre. Cela, tenant compte du fait que les deux réunions du Conseil de sécurité de l’ONU tenues le 26 et 28 janvier n’ont presque rien donné, malgré les accusations, preuves à l’appui, contre le Rwanda, et les attentes des Congolais.
À entendre Vital Kamerhe, Kinshasa doit dialoguer, trouver une issue diplomatique et politique à cette crise. Si telle est l’option définitive, les autorités congolaises sont également appelées à se questionner sur les raisons qui ont conduit le pays à cette situation, car négocier pour épargner les vies humaines est certes une décision, qu’elle soit bonne, moins bonne ou meilleure, mais qui ne donnera pas une solution définitive à cette crise.
Depuis longtemps, une partie de la classe politique congolaise n’a cessé de demander la création de conditions de cohésion nationale pouvant décrisper la tension dans le pays. Comment céder à cette pression qui devient croissante, quand le régime se disait avoir gagné haut la main les élections de 2023 ? Cependant, au regard de l’évolution de la situation, les autorités congolaises disposent de peu de marge de manœuvre et le dialogue semble être la voie à suivre, avec une grande interrogation : va-t-on dialoguer avec le M23 dans le cadre du processus de Luanda ou de Nairobi ?
La Rédaction