Le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo accéda à l’indépendance après des décennies de colonisation brutale sous la domination belge. Patrice Émery Lumumba, premier Premier ministre du pays, incarna cette transition historique. Charismatique et défenseur acharné de l’unité nationale, il rêvait d’un Congo souverain et prospère. Cependant, l’indépendance s’accompagna de graves crises politiques et sociales.
Dès juillet 1960, la province riche en minerais du Katanga, dirigée par Moïse Tshombe avec le soutien de la Belgique, fit sécession, fragilisant le gouvernement central. Parallèlement, les tensions entre Lumumba et le président Joseph Kasa-Vubu plongèrent le pays dans une instabilité politique majeure. En septembre 1960, Kasa-Vubu démit Lumumba de ses fonctions, mais celui-ci refusa de céder, aggravant la crise constitutionnelle.
Sur la scène internationale, le Congo devint un terrain de rivalité entre les blocs de la Guerre froide. Considéré comme proche de l’Union soviétique après avoir sollicité son aide, Lumumba fut perçu comme une menace par les États-Unis et leurs alliés, notamment la Belgique.
L’Arrestation de Lumumba
En pleine crise, Lumumba tenta de rallier ses partisans en se rendant à Stanleyville (Kisangani). Cependant, il fut capturé en décembre 1960 par les forces loyalistes de Mobutu Sese Seko, chef de l’armée congolaise, avec l’appui de conseillers belges.
Emprisonné, il fut transféré à plusieurs reprises avant d’être envoyé à Élisabethville (Lubumbashi), au Katanga, alors contrôlé par des forces sécessionnistes soutenues par la Belgique.
L’Assassinat : Le 17 Janvier 1961
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba, accompagné de ses collaborateurs Maurice Mpolo et Joseph Okito, fut exécuté près de Lubumbashi.
Les circonstances de sa mort révèlent une organisation méticuleuse :
- Supervision de l’exécution : Des responsables katangais, appuyés par des agents belges, notamment le commissaire Frans Verscheure, orchestrèrent l’opération.
- Tortures et exécution : Lumumba et ses compagnons furent torturés avant d’être abattus par un peloton d’exécution.
- Effacement des preuves : Les corps furent démembrés et dissous dans de l’acide sulfurique par un officier belge, Gérard Soete. Certains restes, comme une dent de Lumumba, furent conservés comme macabres souvenirs.
Les Responsabilités Internationales
Le rôle des puissances étrangères dans cet assassinat est aujourd’hui largement documenté :
- Belgique : Des archives déclassifiées montrent que les autorités belges ont orchestré l’assassinat avec la complicité des forces katangaises.
- États-Unis : Craignant une influence soviétique accrue en Afrique, la CIA participa à la déstabilisation du gouvernement Lumumba, bien qu’elle n’ait pas été directement impliquée dans son assassinat.
- Nations Unies : Présentes au Congo pour maintenir la paix, les forces onusiennes furent critiquées pour leur inaction face à l’aggravation de la crise.
Un héritage indélébile
La mort de Patrice Lumumba fit de lui un symbole mondial de la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme. Sa vision d’un Congo uni et souverain continue d’inspirer des générations de militants et d’intellectuels africains.
En 2002, la Belgique présenta des excuses officielles pour son rôle dans cet assassinat. En 2022, une dent de Lumumba, longtemps conservée en Belgique, fut restituée à sa famille et rapatriée en RDC.
Aujourd’hui, monuments, ouvrages et commémorations perpétuent la mémoire de Lumumba, rappelant son combat pour la dignité et l’émancipation de son peuple.
Don de Dieu Mbavu