Ce jour-là, le 21 janvier 2015, un communiqué de l’Observatoire pour la défense des droits de l’homme a été publié pour annoncer la disparition forcée de plusieurs manifestants, parmi lesquels Christopher Ngoyi Mutamba. À l’époque, il était président de la Coordination de Synergie Congo Culturel et Développement (SCCD), une organisation affiliée au mouvement « Sauvons le Congo ». Il s’est confié à notre média ce 21 janvier 2025 pour relater les événements, mais aussi pour saluer les avancées significatives en matière de liberté d’expression et des droits de l’homme en RDC depuis l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir.
« Je suis fier de constater l’avancée significative en matière de droits de l’homme et de liberté d’expression. Il était 21h ce jour-là, je me trouvais à Matonge, au rond-point de la Victoire, lorsque des éléments de la Garde républicaine sont apparus et m’ont brutalement interpellé vers une destination inconnue, sans me présenter aucun document de convocation ou d’arrestation, bien qu’ils aient déposé un avis à mon domicile cinq jours plus tard », explique Christopher Ngoyi avant de poursuivre :
« J’ai été conduit auprès de l’administrateur de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) qui, par la suite, a révélé à l’opinion que j’avais été arrêté et non enlevé, mais sans donner de détails sur les raisons de mon incarcération ni le lieu exact de ma détention ».
Cependant, le communiqué publié à l’époque par l’Observatoire de défense des droits de l’homme avait confirmé la disparition forcée de Christopher Ngoyi pour avoir participé, la veille, à une délégation de défenseurs des droits de l’homme qui s’était rendue à l’hôpital général de Kinshasa pour répertorier le nombre exact des blessés après la répression sanglante des manifestations contre la révision de la loi électorale.
« Le début de mon calvaire a commencé ce jour-là », affirme Christopher Ngoyi, précisant que « toute visite, que ce soit de sa famille ou de ses proches, lui avait été interdite » jusqu’à son incarcération à la prison centrale de Makala, où il a passé plusieurs mois.
Pour sa part, l’actuel président de la société civile congolaise continue d’exiger « réparation et justice » pour toutes les victimes de cette répression sanglante et barbare du régime de Joseph Kabila. Il accuse notamment Kalev Mutomb, ancien administrateur de l’ANR, et le chef de la police de l’époque, Célestin Kanyama.
L’année 2015 a été marquée par des troubles politiques en République démocratique du Congo. Dès le mois de janvier, la majorité présidentielle avait tenté à plusieurs reprises de réviser la loi électorale afin de faire passer l’élection présidentielle du suffrage universel direct au suffrage universel indirect, comme en Afrique du Sud, où seuls les députés nationaux votent pour le président de la République.
Cela aurait permis à Joseph Kabila de devenir un président à vie, car il détenait la majorité parlementaire de l’époque et tous les leviers électoraux. Cette situation a entraîné des débordements, des tueries et des assassinats en masse. La loi électorale n’a finalement pas été révisée, se félicite Christopher Ngoyi Mutamba, qui salue par ailleurs la maturité du peuple congolais, ayant réussi à braver la peur en disant non à Joseph Kabila pour sauver la République.
Il invite également le peuple à soutenir l’initiative du chef de l’État, Félix Tshisekedi, de réviser la constitution pour sortir le pays du piège des Occidentaux et de son voisin malveillant, le Rwanda, un pays qui tue et pille nos richesses naturelles.
Faustin Kalenga